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Jean Salem ,
Professeur de Philosophie à l'Université de Paris I - Sorbonne


Épicure, Lettres
Nathan, coll. Les Intégrales de Philo, 2e édition, 1998

Extraits : Préface - Glossaire


Concepts clés




Le vide

Il existe un espace intangible et immatériel: le vide.

C'est essentiellement l'argument du mouvement qui fonde, pour les épicuriens, l'absolue certitude de "existence du vide dans l'univers. Cela s'oppose notamment à la conception aristotélicienne du mouvement comme circuit de substitutions successives et instantanées: la théorie du mouvement dans le plein (antipéristasis), celle qui conçoit tout déplacement sur le modèle de la progression du poisson au sein de l'élément liquide, constitue une impensable fiction.

Tout comme la matière (c'est-à-dire les atomes), le vide est immense, sans limite, infini.

L'univers, qui inclut deux sous-ensembles infinis (le corps et le vide) est donc, a fortiori, infini. On pense au bel argument de Lucrèce, - qu'il reprend au pythagoricien Archytas de Tarente (Cf Diels, 47A24) : «Supposons maintenant limité tout l'espace existant; si quelqu'un dans son élan s'avançait jusqu'au bout de son extrême bord, et que de là il fit voler un trait dans l'espace; ce trait balancé avec grande vigueur, préfères-tu qu'il s'en aille vers son but et s'envole au loin, ou est-tu d'avis qu'il peut y avoir un obstacle pour interrompre sa course? C'est une de ces deux hypothèses qu'il faut choisir et adopter; or l'une et l'autre te ferment toute retraite, et t'obligent à reconnaître que l'univers s'étend affranchi de toute limite. » (De la nature, ch. l, v. 968-976.)


le plaisir


Le mot « plaisir» (voluptas), s'indigne Cicéron, « a quelque chose d'odieux, de mal famé, de suspect,) (Des fins, II, IV, 12). Il «manque de noblesse » (ibid., II, XXIII, 75).

Or Épicure est celui qui a proclamé que le plaisir est l'unique fin souveraine et qu'absolument tout lui est subordonné.

Épicure distingue le plaisir en mouvement du plaisir en repos (ou plaisir catastématique). «L'absence de trouble et l'absence de douleur, déclare-t-il, sont des plaisirs en repos; au contraire la joie et la gaieté sont regardées, par leur activité, comme des plaisirs en mouvement» (Diogène Laërce, X, 136). Épicure diverge d'avec Aristippe de Cyrène (vers 435-350 av. J.-c.), qui n'admettait pas qu'il pût exister un plaisir en repos. Il enseigne, tout au contraire, que, malgré l'unité ontologique du plaisir, il existe, pour l'âme et pour le corps, deux modalités et comme deux cadences du plaisir.

Épicure, que Sénèque qualifiera de « maître de volupté» (Lettres à Lucilius, 18, 9), enseigne ainsi une arithmétique des plaisirs, en vertu de laquelle la réflexion devrait peser les conséquences de chaque plaisir.

Car si personne ne peut mépriser le plaisir en tant que plaisir, il reste que celui-ci est suivi de grandes douleurs « pour ceux qui ne savent pas en faire un usage calculé » (Cicéron, Des fins, I, X, 32).

Nous pourrions n'être pas vertueux si la vertu ne conduisait pas au plaisir. « Si les choses qui procurent des plaisirs aux gens dissolus pouvaient délivrer l'esprit des angoisses qu'il éprouve au sujet des phénomènes célestes, de la mort et des souffrances, et si en outre elles nous enseignaient la limite des désirs, nous ne trouverions rien à reprendre en eux... », déclare la Maxime fondamentale X d'Épicure.

On voit, comme l'a écrit un commentateur britannique, qu'il y a de la « dynamite théorique » dans cette philosophie (E.J. Kenney Lucretius, Oxford, Clarendon Press, 1977, p. 40).


les atomes


Tout - l'usure des statues aux portes des villes, la force et les effets dévastateurs du vent que pourtant nous ne voyons pas, l'odeur dont nous devinons la présence alentour -, tout prouve que la nature accomplit son oeuvre au moyen de corpuscules invisibles: les atomes (cf. à ce propos: Lucrèce, De la nature, ch. 1, v. 265-328).

Les atomes sont absolument pleins et, partant, ils sont insécables. Ils sont éternellement en mouvement au sein du vide infini. Il y a trois causes qui sont susceptibles d'expliquer le mouvement des atomes : leur pesanteur propre, les chocs et la déclinaison (ou clinamen).

Le nombre des formes différentes d'atomes n'est pas infini. Mais le nombre des atomes de chaque forme est infini (pensez à une imprimerie dont les tiroirs seraient au nombre de 26, et dont chaque tiroir, chaque « casse », comporterait un nombre infini de A, de B, de C, etc.).

Les épicuriens conçoivent les atomes comme des grandeurs physiques et comme des grandeurs multiples d'une certaine grandeur-unité (la « petite partie », qui n'existe jamais à l'état séparé).

Les atomes n'ont ni couleur, ni chaleur; ils ne sont pas sonores et sont dépourvus de saveur comme d'odeur. Ils sont totalement insensibles: la vie et la pensée ne sont que des accidents pouvant siéger provisoirement dans certains agrégats atomiques.

Jean Salemfesseur de Philosophie à l'Université de Paris I - SorbonProfe
Professeur de Philosophie à l'Université de Paris I - Sorbonne
Épicure, Lettres, Éd. Nathan, 1998, pp. 84-86
PProfesseur de Philosl'Université de Paris I -hilosophie à l'Université de Paris I - Sorbon


Autres extraits de l'ouvrage :


Glossaire - Préface


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