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Daniel Sibony


Daniel Sibony,
Écrivain, Psychanalyste, Philosophe.

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Le Club Philo a reçu Daniel Sibony,
dans le cadre de ses Soirées Philo
le 15 nov. 2005, à 20h45, au Sel, à Sèvres,

pour une conférence-débat sur la question :
À quoi croient les incroyants?
Où en est-on aujourd'hui avec les religions?


Il a tenté de préciser à partir ses deux livres:
Les trois monothéismes et Nom de Dieu
les frontières parfois subtiles
entre croyants et incroyants.


Lire un extait de :
"LES DIX COMMANDEMENTS"
Pour une éthique de l'être
(format pdf)
Avec Shakespeare : Macbeth

Daniel Sibony, Nom de Dieu, Seuil, Paris, 2002, extraits :

"Certains font exister Dieu rien qu’en croyant, pendant que d’autres croient le faire exister rien qu’en le trahissant. Quelle prétention, dans les deux cas! Cela prouve surtout que Dieu se laisse enfiler dans le symptôme de chacun, dans ses fantasmes et projections. Mais ce n’est pas sa seule fonction.

En outre, si chacun a son Dieu, quel est le culte qu’il lui rend? surtout quand ce culte s’appelle culture?


Tout le monde a rapport à Dieu comme limite ou comme au-delà des limites; mais pour certains, cette limite est inerte; pour d’autres elle est mouvementée, chaotique, mystérieuse: il s’y passe des choses qui font retour sur nous, dans un va-et-vient qui mérite d’être interprété. Quelles que soient les «illusions» que ça peut produire, La Question-Dieu ne se réduit pas aux religions. Celles-ci la gèrent et la digèrent; mais même lorsqu’elles ont réussi – et qu’elles semblent satisfaites, voire triomphantes –, la question semble à nouveau les déchirer, comme une faille comblée qui soudain reparaît, aussi vide et mystérieuse qu’au début. Elle touche aussi ceux qui sont loin des religions – certains s’en sont éloignés pour être plus près de la Question.

Certes, elle s’articule sur «l’histoire» de chacun; et si au-delà de cette histoire il n’y avait que le «vide» (qui est l’anagramme de Dieu), ce vide peut être assez «parlant» pour résonner avec nos vies et leurs cassures, avec nos sources d’inspiration autant que d’effondrement. Bref, il y a des «choses» qui nous dépassent sans se ramener au couple de nos chers parents et aux histoires de nos symptômes. Nos questions d’origine et de fins se jouent en acte, dans l’actuel, et non à l’origine du monde… Avec d’autres questions-limites, elles insistent aux temps forts de la transmission. Quand les enfants s’en emparent, on veut leur dire des choses qui nous tiennent à cœur, ou qui puissent leur donner du cœur. «Dieu, il est au ciel… – Mais le ciel est vide!» «Dieu est fait pour endormir les gens… – Et ça les endort vraiment?» «Dieu, c’est ce qui est “en nous” qui nous élève au-dessus des bêtes… – Alors c’est l’intelligence? le pouvoir de faire des machines?» Leur dire cela, c’est un peu court…"

Daniel Sibony, Nom de Dieu, pp.166-167

Consulter : Création, Essai sur l'art contemporain,

Seuil, Paris, 2002,
Collection : Couleur des Idees
La Question de Dieu se présente aujourd'hui de façon plus neuve, comme si la tendance était de reprendre possession de problèmes essentiels que la religion a confisqués pour les gérer à sa façon. « Dieu » serait donc une Question trop sérieuse - ou trop drôle pour être laissée aux religieux qui d'ailleurs ne semblent pas si heureux que ça de la gérer. Les autres, les athées, croient l'écarter par le silence, l'indifférence, et voilà qu'elle les rattrape au détour des générations (« Papa, c'est qui, Dieu ?... »). En temps de crise, aussi: comme aujourd'hui, quand des tours s'effondrent. Il nous a donc fallu revoir pourquoi l'idée de Dieu, dans l'étroit monothéisme, est une bombe à retardement. Avant de voir comment chacun se fait son Dieu ou se fait à Dieu. La question n'est pas de savoir quel est le bon (en un sens, « y a pas de bon Dieu »...) ni ce que chacun met à cette place ; mais de comprendre de quoi est fait l'emplacement du divin. Que nomme donc ce Nom de Dieu ? Et pourquoi est-ce un juron ? Comme s'il pointait le fait d'être à bout, aux limites de sa vie. Comme si Dieu n'était qu'une limite... Au terme de ce livre, chacun pourra parler de Dieu comme d'une question qui lui est propre, singulière, sans crainte d'être « fusillé » comme religieux ou comme athée.
Une interrogation traverse ce livre : les trois courants monothéistes - Islam, Judaïsme, Christianisme - pourraient-ils un jour se supporter, se pardonner, non parce qu'ils relèvent du même Dieu et qu'ils sont " frères " (ce genre de fraternité produit plus de guerres que d'accords, plus de déchirements que d'ententes), mais parce qu'ils reconnaîtraient en eux le même type d'infidélité à ce qui les fonde ? Chacun se reconnaîtrait enfant du même manque orignel, marqué d'une faille à l'origine, une faille qui n'est imputable à personne, en tout cas pas au voisin. Elle est intrinsèque à l'humain, et d'autres humains hors du champ religieux l'affrontent comme ils peuvent. Ce que les trois monothéismes font de leur origine - et de celle des autres - est toujours une énigme : en en démêlant sans concession mais toujours avec respect les fils et les enjeux, D. Sibony renouvelle profondément l'intelligence de ces religions, de leurs rpaports entre elles et avec le monde moderne.
(source : http://www.librairie-gaia.com/Averroes/Monotheisme.htm)