Souverains de mon sommeil
Laissez moi donc rêver.
Qu'il ne reste à mon réveil
Nulle peur à affronter.
Allez-vous surgir
Si je ferme les yeux ?
Je crois déjà sentir
Vos regards monstrueux.
Vous attendez peut-être
-merveilleuses chimères-
Vous attendez pour apparaître
Que s'éteigne la lumière ?
Pour peupler ma nuit
De vos doigts décharnés,
Pour habiller mes phobies
De robes surannées.
Ah ! Monstres de l'innocence
Vous voilà effacés !
C'est triste qu'avec l'enfance
Tout se soit envolé.
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Je me souviens de ces nuits
Lorsque l'on fermait la porte,
Comme je redoutais sous mon lit
La présence de vos cohortes !
Lorsque je tremblais encore
Etouffée par la peur,
J'avais tant prié l'aurore
De dissiper mes frayeurs.
J'attendais, immobile,
Que le jour enfin se lève.
Je redoutais, fébrile,
Que jamais la nuit ne s'achève.
Je craignais tant alors
Que ces ombres mouvantes
Ressemblant tant à la mort
Ne parlent ou ne chantent.
Je vois bien que ces peurs
Emmurées de silence
Qui ont tant endurci mon cur
M'ont volé mon enfance.
Shrath
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