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Compte rendu de la matinée du mercredi 15 janvier 2003 (9h-12h)

 

Séance consacrée à la lecture et à la discussion

des Principes de la Philosophie du Droit de Hegel
La vie éthique, première section, la famille

Établi par Jean-Jacques Jolly

 

Une difficulté antérieure :

Avant de commencer l'étude de cette première section, un des participants a souhaité revenir sur une difficulté rencontrée dans la lecture de l'introduction de La vie éthique au § 150. La difficulté portait sur la conception de la vertu telle qu'elle se dégage dans ce paragraphe et notamment sur la remarque du § 150. Hegel explique que dans une situation éthique donnée la vertu n'a de place qu'à l'occasion d'événements extraordinaires et notamment dans les conflits réels. Ensuite viennent des considérations sur la liaison entre un état primitif de la société et la vertu? avec une référence étrange à Hercule.

On a éclairé ce passage en expliquant que la vertu devait être comprise ici en son sens grec. Il s'agit d'un exercice héroïque qui ne peut s'accommoder des déclamations vides. C'est pourquoi Hegel la relie à une réalité historique et politique, mais aussi à une vision antique de la génialité et de l'héroïsme dont Hercule a toujours été le modèle, déjà pour les stoïciens. Par ailleurs il fut rappelé que dans les Leçons sur la philosophie de la religion, lorsque Hegel parle d'Hercule, c'est pour dire qu'à force de travailler, cet homme est devenu dieu. Ceci ne faisant que confirmer le sens essentiellement grec de virtuosité ou de perfection effective qu'on devait attribuer ici à la notion de vertu qui faisait problème.

 

 

Lecture de la première section : La famille.

 

Comme il avait été annoncé, un des participants, Monsieur C. Michalewski, a choisi de faire une rapide présentation de cette première section pour engager la discussion. Il a d'abord rappelé les conclusions du § 157. À l'intérieur de ce moment qu'est La vie éthique s'effectue une "objectivation" de plus en plus "subjective" de l'esprit : la famille, la société civile, l'État. En effet les réalités politiques sont plus symboliques, moins réelles que les réalités socio-économiques, celles-ci sont à leur tour moins matérielles que les réalités charnelles de la famille. Plus le milieu objectivant devient spirituel, plus l'opposition qui naît dans ce milieu est redoutable: la guerre est plus redoutable que les conflits économiques et ceux-ci sont plus terribles que les disputes et les séparations familiales. La contradiction la plus dure est donc spirituelle.

 

Introduction : §§ 158-160

La première "figure" de La vie éthique c'est la famille. Elle est la présupposition nécessaire de la société civile et de l'État. Ainsi au § 255 on peut lire " Après la famille, la corporation constitue la seconde racine éthique de l'État, celle qui est fondée dans la société civile. "

Trois remarques préalables :

a. Le caractère naturel de la famille.
Au § 157 Hegel parle de " l'esprit éthique immédiat ; la famille ".
L'esprit c'est le sujet communautaire, et la communauté familiale, c'est la communauté la plus simple, la plus immédiate et la moins développée. C'est " la substantialité immédiate de l'esprit. " § 158. La famille apparaît comme la forme la plus immédiate de l'instance communautaire ou spirituelle. C'est une sorte d'objectivité culturelle immédiate. En outre la famille se vit à travers une forme de l'esprit qui est elle-même immédiate : le sentiment. La famille c'est l'esprit sentant. L'unité familiale se construit autour du sentiment d'amour qui unit réciproquement les membres. L'unité est ici naturelle car elle se construit autour du sentiment d'amour. Elle est éloignée de l'unité de l'État qui sera rationnelle. Ici j'existe comme membre et non pas encore comme personne car dans la famille, je ne vaux pas comme dans la société civile en tant que personne indépendante, je ne vaux que par un autre membre. La liaison est immédiate et naturelle.

b. L'intimité de la famille.
Cette famille, même si elle est abstraite et simple en son contenu notamment par rapport à la société civile et à l'État, n'est pas définie de façon abstraite. Elle est une communauté intime. Ce n'est pas la lignée. C'est la communauté actuelle, restreinte aux parents et aux enfants (§ 172 addition).

Elle n'est donc pas une formation juridique réglementée par le droit abstrait. Hegel n'envisage pas la famille comme le lieu où s'affirme des individualités mais plutôt des membres. Fondée sur le simple sentiment d'amour, les individus qui composent la famille n'existent que comme membres de la totalité familiale et non comme des individualités autonomes et subjectives. C'est la raison pour laquelle chacun est d'ailleurs lié à tous les autres membres par des liens très forts de nature affective. C'est donc bien plutôt le sentiment qui est le fondement, le principe même de l'existence de la famille et de sa durée mais en même temps la raison de sa dissolution quand celui-ci viendra à se distendre au moment du départ des enfants ou de la mort des parents.

On peut ajouter à cela que les membres de la famille ont sans doute des droits mais ce sont des droits éthiques et non des droits au sens juridique du terme. Les membres de la famille ne sont en aucun cas des personnes les unes à l'égard des autres et c'est pourquoi Hegel critique la conception kantienne et juridique de la famille comprise sous une forme individualiste. " Le mariage se trouve ainsi rabaissé au niveau d'un contrat pour un usage réciproque. " (§ 161 addition). Le lien familial est ici absolu ; il est sacralisé à travers la pietàs, les pénates (§ 163 remarque). Seule la famille est une personne et c'est la raison pour laquelle il n'y a pas de droit dans la famille, c'est-à-dire à l'intérieur d'elle-même. Le droit sous sa forme juridique n'apparaît qu'au moment de la dissolution de la famille (§ 159).

c. Le caractère apolitique de la famille.
Si le principe de la famille (le sentiment) s'oppose au principe de la différence, du calcul qui régle la société civile, la famille diffère aussi dans son principe de l'État. " Dans l'État, l'amour n'a pas sa place, car dans l'État on est conscient de l'unité en tant qu'unité de la loi ; dans l'État, le contenu doit être rationnel et il faut que je le connaisse " (§ 158 addition). Ainsi à la différence d'Aristote, Hegel n'intègre pas la famille à l'État. Elle doit son être de l'État mais elle n'est pas de l'État (§ 182 addition). On ne peut composer l'État à partir de familles parce que l'État n'est pas composé de familles. L'homme apprend à l'intérieur de la famille à agir pour la communauté, indirectement elle nous apprend le sentiment patriotique mais, en elle-même, elle n'a rien d'étatique et de politique.

À la suite de ces trois remarques, Hegel explique (§ 160) que la famille considérée en elle-même se développe en trois moments : Elle est d'abord en sa "constitution" et son origine mariage (§§ 161-169). Puis elle connaît une double "objectivation" (§§ 170-180). C'est la forme objective qui est d'abord établie : elle prend la forme du bien ou de la propriété familiale (§§ 170-172). C'est ensuite la forme subjective : elle prend la forme de l'enfant produit de l'amour des parents (§§ 173-180).
Les trois moments ou aspects de la famille sont donc les suivants : I. Le mariage. II. La propriété et le bien de la famille. III. L'éducation des enfants.

 

A. Le mariage : §§ 161- 169.
Le mariage comme rapport éthique immédiat (§ 161)
Hegel insiste sur le fait que le mariage est un lien qui met en jeu l'union sexuelle, l'amour et l'unité objective des liens du mariage sous la forme de l'engagement libre.

a) Le mariage comme liaison d'un élément naturel et d'un élément spirituel.
Le mariage est une unité contradictoire puisqu'il rassemble en lui un premier élément qui est naturel. Ce lien naturel relève de la sphère organique de l'union des sexes et nous renvoie à la sexualité et à la survie de l'espèce. Il y a cependant un second élément qui appartient à la conscience de soi puisque c'est le moment spirituel fondé sur une réciprocité affective. Il s'agit ici de l'amour conscient de soi et non plus du simple désir. Ce qui permet de dire que le mariage n'est pas une simple relation sexuelle et naturelle comme dans le monde animal où ce qui est en jeu c'est la simple survie de l'espèce sous la forme de la reproduction. Il s'agit ici d'une relation qui est en même temps culturelle et c'est pourquoi Hegel considère le mariage comme une relation éthique. Il s'agit de voir que dans le mariage il y a une sorte de croisement de la nature et de la culture. Pourtant sexualité et amour ne suffisent pas et Hegel ne se prive pas de critiquer ceux qui ramènent le mariage à l'un des deux aspects. Il n'est pas à considérer sous son simple aspect biologique ou physique. Il n'est pas non plus simple sentiment d'amour car le sentiment amoureux est pris dans la variation de la contingence (§ 161 addition).

b) Le mariage est donc un lien éthique.
Il faut donc un troisième moment dans lequel l'instinct et l'amour s'intègrent dans une unité plus solide et objective. C'est la relation éthique du mariage. Ce lien éthique est divinisé et s'exprime dans les " pénates " (§ 163 remarque). Il constitue le socle de la famille.

1. Le mariage est un libre engagement.
C'est dans les §§ 162-163, que le philosophe approfondit le caractère éthique du mariage. Il ne s'agit pas de voir en lui l'aspect subjectif de son point de départ fréquent : l'attrait réciproque et partagé de deux individualités différentes ou même la convenance des parents qui arrangent un mariage entre leurs enfants. Tous ces aspects sont inessentiels car ils sont contingents et dépendent des mœurs, des coutumes, des époques ou des lieux. Ce qui en constitue plutôt la base objective, essentielle et logiquement nécessaire c'est le " libre consentement de chacun des époux " à former une nouvelle unité plus haute et éthique puisque les deux individus en perdant leur autonomie naturelle ou leur volonté immédiate acquièrent " leur conscience de soi substantielle " qui est aussi " leur libération ".

Dans la remarque du § 162 Hegel examine les différents points de départ, tout en sachant que l'important dans le mariage est le résultat. Il compare l'entrée par le désir ou bien par l'arrangement des parents. Il semble préférer l'arrangement parental au prétexte que l'autre mode d'entrée dans le mariage est beaucoup plus singulier et contingent que le premier. Il faut selon lui que le mariage réunisse les deux aspects mais ce qui doit être premier c'est la décision de se marier et l'inclination ne doit en être que la conséquence car elle est l'élément le plus subjectif et sans doute le moins spirituel dans la mesure où il nous renvoie au débordement des passions.

C'est pourquoi Hegel insiste sur l'élément éthique du mariage qui consiste dans la conscience de cette unité comme d'un but substantiel. Le mariage satisfait donc un but qui est celui de réaliser une intimité fondée sur l'amour, la confiance et la communauté de toute l'existence individuelle. Il ne s'agit de vivre une individualité étroite et étriquée mais de se réaliser réciproquement dans un vivre ensemble. Hegel veut compenser la frénésie de l'individualisme moderne en faisant revenir le thème de la pensée antique (l'unité substantielle). C'est pourquoi le penchant naturel (sexuel) est rabaissé tandis que le lien spirituel est élevé. Aussi convient-il à présent d'établir la différence entre " le libre engagement réciproque des époux " et le contrat juridique. C'est l'objet de la remarque du § 163 dans laquelle Hegel critique la théorie kantienne du mariage compris comme contrat. Le contrat est en effet une forme antérieure d'engagement juridique de deux personnes indépendantes sur un objet. Le mariage, comme lien éthique, dépasse ou relève le contrat qui ne repose que sur la contingence du libre arbitre de deux individus, lesquels ne s'accordent que ponctuellement sur l'échange d'une chose extérieure. Cette intimité de la vie familiale issue du mariage la rend propre à l'essor des sentiments spirituels et notamment de la piété religieuse qui honore les pénates ou les dieux lares. Hegel nous renvoie donc aux conceptions les plus anciennes et traditionnelles du mariage mais critique une vision abstraite qui trouverait le fondement du mariage dans l'amour platonique ou bien encore dans l'amour monastique dans la mesure où on sépare ici le lien conjugal de son élément naturel (par exemple dans l'union mystique avec le divin).

2. La parole donnée : fondement du lien éthique et du libre accord (§ 164).
Pourtant ce lien du mariage, s'il n'est pas un contrat juridique, a besoin d'être reconnu sous la forme de la parole donnée et reçue dans le consentement mutuel. De cette façon il est en effet reconnu par le cercle familial et par la collectivité. Le mariage ne peut donc pas être réduit à un simple partage des sentiments d'amour entre deux êtres. Il doit s'accompagner d'une parole qui fonde objectivement la communauté. Il est en effet impossible de fonder sur un élément affectif fragile, instable et contingent, une telle communauté. C'est la parole, élément spirituel, qui donne l'ancrage solide que ne peut donner le sentiment.

3. Le mariage est un lien éthique absolu (§§ 167-168).
Non seulement toute la vie de l'homme et de la femme doit être prise dans l'unité éthique du mariage (§ 164) mais le mariage est essentiellement monogamique (§ 167). C'est dans un cadre monogamique que la partie subjective de la substantialité (à savoir l'intimité) peut être vraie et complète dans la mesure où elle est réciproquement partagée. Ce qui justifie en outre cette forme monogame du mariage c'est le fait que chacun est reconnu comme une personne par l'autre et que la relation est fondée sur la confiance réciproque. Un homme ou une femme ne pourrait en effet maintenir cette intimité indivisible entre plusieurs personnes. L'absoluité de l'union éthique du mariage exige des époux l'abandon total de leur existence totale (§ 168). C'est aussi en raison du fait qu'il est une union éthique que le mariage ne peut être une union entre consanguins. " Le mariage entre parents de même sang est en contradiction avec le concept selon lequel le mariage est une action éthique libre " (§ 168). Si la polygamie brise la totalité selon laquelle chacun doit se retrouver dans l'autre, la proximité dans l'alliance ne peut pas non plus constituer une totalité éthique. L'union éthique du mariage ne sera intense que si la différence entre les deux êtres qui s'unissent est grande. Deux êtres rapprochés par la nature ne peuvent donc établir qu'une simple unité naturelle. Or, on le sait, le mariage constitue une unité éthique et non simplement naturelle.

4. Le sens éthique de la différence sexuelle (§§165-166).
La différence naturelle des sexes reçoit enfin dans le mariage un sens éthique. Hegel explicite ici le fait que dans le mariage la différence sexuelle et naturelle des sexes se transpose sous la forme d'une unité concrète et complémentaire qui acquiert une signification éthique. Il remarque en effet que la détermination naturelle des deux sexes acquiert à présent une signification intellectuelle et morale, pour tout dire spirituelle.

Dans le mariage en tant que communauté éthique, la différence des sexes se manifeste dans une répartition naturelle des tâches. L'homme est posé comme l'élément directeur (il a la conscience de soi de la pensée qui conçoit et le vouloir du but objectif final). C'est la raison pour laquelle il aura la charge du patrimoine et de sa gestion. Mais il est tourné aussi vers l'extérieur et l'activité. La femme est l'élément passif et subjectif de la substance éthique et correspond à la piété. On pense au culte du foyer ou d'Hestia. C'est l'élément qui demeure et qui se replie sur l'intimité de la vie familiale. C'est pourquoi si l'homme est du côté de la pensée et du vouloir, la femme est du côté du sentiment. La différence éthique entre le masculin et le féminin c'est la différence entre l'activité tournée vers le dehors (le travail et la vie sociale) et celle tournée vers le dedans (le culte familial, les pénates, l'éducation).

 

B. Le patrimoine familial (§§ 170-172).

On a vu que la famille est une communauté éthique fondée sur l'engagement réciproque de deux personnes pour constituer une unité supérieure qui dépasse la simple existence individuelle et séparée. Mais elle a besoin de biens destinés à assurer la continuité et la durée de cet engagement réciproque. Il s'agit cependant non pas d'une propriété privée fondée sur le besoin particulier d'un individu et sur son désir mais d'une propriété commune qui appartienne sans distinction à tous les membres. C'est le patrimoine qui joue cette fonction, bien familial qui permet d'assurer la subsistance et de maintenir ensemble tous les membres de la famille. C'est en effet comme " membre " de la famille que chacun travaille et acquiert des biens en participant à la communauté familiale. L'appropriation devient ici une activité éthique et si le chef de famille est responsable des biens, il n'en est pas pour autant le propriétaire. Ainsi Hegel se sépare ici du droit prussien : un contrat ne saurait venir limiter la communauté des biens. Pourtant cette notion de patrimoine familial permanent va entrer en contradiction avec la dissolution de la famille dont il sera question plus tard. C'est la raison pour laquelle c'est l'ordre juridique de la société civile qui réglera les problèmes qui se posent à l'intérieur de la communauté familiale sous la forme du code de la famille par exemple. Ces règles juridiques permettront d'assurer la permanence de la vie familiale dans le temps.

Nous sommes donc en présence avec le patrimoine d'une propriété communautaire sinon collective. Chacun des membres, sous l'autorité du chef de famille, c'est-à-dire du père, en assure sa constitution et son développement. Pourtant lors des conflits avec les autres familles, Hegel attribue au chef de famille un rôle plus important. Il représente la famille dans le conflit. C'est cette notion de représentation vis-à-vis de l'extérieur qui lui confère l'autorité et il devient alors le gestionnaire de cette communauté où chaque membre possède un droit. (§ 171). D'où les conflits possibles entre les membres et le gestionnaire paternel en raison de la fragilité (immédiateté spirituelle) de la base familiale. Ce moment éthique est fragile parce qu'il est encore fondé sur la nature et notamment le sentiment. Cependant l'unité conjugale n'est pas vraiment manifestée dans le patrimoine familial. Elle doit " s'objectiver " dans un " objet " qui soit en même temps un " sujet " : l'enfant.


C. L'éducation des enfants et la dissolution de la famille (§§ 173-180).

a) L'éducation des enfants (§§ 173-175).
Le mariage est à la fois substantiellement intériorité et disposition affective mais en même temps union de deux êtres séparés. C'est l'existence des enfants qui est la solution de cette contradiction. Car l'enfant est dans la famille l'unité vivante de l'amour des parents, l'expression réelle et effective de cet amour. Chacun aime l'autre dans l'enfant. L'enfant est le produit de cet amour et en même temps une manifestation de la survie du couple (§ 173).

Le but de la famille c'est de permettre le passage de la naturalité de l'existence immédiate de l'enfance à l'existence libre de la personne en soi et pour soi. C'est là le rôle de l'éducation. Elle a pour fonction de faire passer une volonté immédiate et désirante, par conséquent toute proche de la nature, à l'universalité du vouloir. D'où le rôle décisif pour Hegel de la discipline et de la correction dans l'éducation de l'enfant. Celui-ci découvre la sanction parce que sa liberté toute naturelle doit être relevée en vue de l'universel (§ 174).

L'enfant n'est libre qu'en soi. Il n'est pas la propriété des parents. Il lui reste à le devenir pour soi. Le rôle des parents, c'est de préparer l'enfant à devenir une personne libre et indépendante. L'éducation doit donc considérer l'enfant comme un être en devenir adulte. C'est pourquoi elle rencontre nécessairement la contradiction dans le milieu familial. Si dans un premier temps l'éducation apparaît sous une forme aimable et positive, elle doit cependant prendre nécessairement une forme négative puisqu'il s'agit de faire sortir les enfants de leur immédiateté naturelle et non de les maintenir par une pédagogie puérile dans le domaine de l'enfance dont ils souhaitent sortir (§ 175).

 

Conclusion :

Le temps nous a manqué pour poursuivre l'étude des derniers paragraphes sur la dissolution de la famille qui peut prendre trois formes. Une forme artificielle (le divorce § 176), une forme éthique (le départ des enfants § 177) ou bien une forme naturelle (la mort des parents et les questions de l'héritage (§§ 178-180).

Néanmoins dans le courant de la discussion nous avons évoqué le passage de la famille à la société civile (§ 181).

La famille correspond dans la vie éthique au moment immédiat de l'être. Lorsque chaque famille fait apparaître sa singularité et sa particularité, alors surgit la différence. Le moment immédiat de la vie éthique que représente la famille se perd dans la triple dissolution qu'on vient d'évoquer. C'est le moment où l'essence apparaît sous la forme phénoménale. Cette apparition phénoménale va prendre alors la forme de la société civile.


Jean-Jacques Jolly
Czeslaw Michalewski

Prochaine séance : mercredi 5 mars 2003.

Matin : lecture de la deuxième section : "La société civile".
Après-midi : conférence de Monsieur André Stanguennec, Professeur de philosophie à l'Université de Nantes.


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