DIALOGUE


Thèmes et textes
Forums de discussion

NOUVEAUTES




Réalisations multimédia Porte-documents
Informations et projets
Europe Education Ecole

BIBLIOTHEQUE




Textes en ligne, Livres à lire
Dictionnaire du club
Galerie de portraits
Sélection de liens

LE CLUB PHILO

Qui sommes-nous ?
club.philo@free.fr
SOIRÉES PHILO 2008-2009 - Philippe FONTAINE

Mardi 14/10/2008, à 20h45, au Colombier, à Ville d’Avray,
Conférence-débat avec Philippe FONTAINE,
Thème de la soirée : Sartre, penseur de la liberté
Texte intégral de la conférence (Format PDF) (RTF)
Programme des Soirées Philo 2008-2009

Philippe Fontaine, agrégé de philosophie, docteur en philosophie,
enseigne la philosophie moderne et contemporaine à l'Université de Rouen.
Il est spécialiste de la phénoménologie et de l'esthétique.

On peut consulter la lsite de ses publications sur notre site internet :
1/ extraits de ses livres et conférences, 2/ vidéos

Argument : Si la pensée de Jean-Paul Sartre (1905-1980) est une des plus riches du vingtième siècle, par la diversité de ses moyens d’expression (essais philosophiques, nouvelles, roman, théâtre, journalisme, textes politiques, etc), la question de la liberté en constitue en tout cas le thème central. Dans une célèbre conférence intitulée : « L’existentialisme est un humanisme », Sartre affirme que l’ « existence précède l’essence », et que le point de départ de la réflexion philosophique se trouve dans la subjectivité.
Qu’est-ce à dire ? Ceci : un objet quelconque se définit par un ensemble de propriétés qui constituent son « essence », sa nature distinctive, spécifique. Ici, l’essence précède l’existence, puisque l’objet ne peut pas être autre chose que ce qu’il est, et qu’il n’a pu être produit, fabriqué, que par l’application d’un modèle. Dans le cas de l’homme, c’est au contraire son existence qui permet de le définir, car il n’est rien a priori, et c’est même cette absence de définition préalable de son être qui le caractérise. L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il fait, et le sens de son existence n’est pas déterminé à l’avance par quelque destin, ou quelque déterminisme que ce soit. L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait être, et le sens de sa vie ne sera rien d’autre que ce qui ressortira de l’ensemble de ses actes, de ses engagements, de ses œuvres de création. C’est en ce sens que, chez lui, l’ »existence précède l’essence » : l’existence désigne ici le mouvement même par lequel chaque conscience humaine dépasse le donné immédiat et l’instant présent pour se lancer dans un projet qu’elle vise dans l’avenir.
C’est ce mouvement de « transcendance » que la philosophie sartrienne analyse sous le nom de « liberté »; et c’est bien l’affirmation de cette liberté qui en est le postulat fondamental. Représentant de l’existentialisme athée (pour Sartre, Dieu n’existe pas et le ciel est vide), Sartre accorde à l’homme une liberté totale, mais aussi, par voie de conséquence, une responsabilité infinie. Je suis ultimement l’auteur de mes actes, et ce n’est que par la diversion de la mauvaise foi que je puis être tenté de rejeter la responsabilité de mes erreurs, de mes fautes et de mes échecs sur des facteurs extérieurs (mon passé, ma famille, la société, les circonstances, etc), afin de fuir mes responsabilités. Au bout du compte, mon existence n’aura été rien d’autre que la somme de mes actes, qui auront eux-mêmes trouvé leur origine dans une décision souveraine de ma liberté.

Lecture conseillée : Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Paris, Nagel, 1966
Consulter le site de philosophie de l'académie de Paris : http://philosophie.scola.ac-paris.fr/Sartre.htm
Extraits à lire...

« L’existentialisme athée, que je représente, est plus cohérent. Il déclare que si Dieu n’existe pas, il y a au moins un être chez qui l’existence précède l’essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c’est l’homme ou, comme dit Heidegger, la réalité humaine. Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence ? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. L’homme est seulement, non seulement tel qu’il se veut, et comme il se conçoit après l’existence, comme il se veut après cet élan vers l’existence ; l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait. Tel est le premier principe de l’existentialisme. C’est aussi ce qu’on appelle la subjectivité, et que l’on nous reproche sous ce nom même. Mais que voulons-nous dire par là, sinon que l’homme a une plus grande dignité que la pierre ou que la table ? Car nous voulons dire que l’homme existe d’abord, c’est-à-dire que l’homme est d’abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeter dans l’avenir. L’homme est d’abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d’être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur ; rien n’existe préalablement à ce projet ; rien n’est au ciel intelligible, et l’homme sera d’abord ce qu’il aura projeté d’être. »
Sartre, L’existentialisme est un humanisme, Paris, Nagel, 1966, p. 21-22-23.

« Mais si vraiment l’existence précède l’essence, l’homme est responsable de ce qu’il est. Ainsi, la première démarche de l’existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu’il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence. »
Sartre, L’existentialisme est un humanisme, op. cit., p. 24.«

L’existentialiste, au contraire, pense qu’il est très gênant que Dieu n’existe pas, car avec lui disparaît toute possibilité de trouver des valeurs dans un ciel intelligible ; il ne peut plus y avoir de bien a priori , puisqu’il n’y a pas de conscience infinie et parfaite pour le penser ; il n’est écrit nulle part que le bien existe, qu’il faut être honnête, qu’il ne faut pas mentir, puisque précisément nous sommes sur un plan où il y a seulement des hommes. Dostoïevsky avait écrit : « si Dieu n’existe pas, tout est permis ». c’est là le point de départ de l’existentialisme. En effet, tout est permis si Dieu n’existe pas, et par conséquent l’homme est délaissé, parce qu’il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s’accrocher. Il ne trouve d’abord pas d’excuses. Si, en effet, l’existence précède l’essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature donnée et figée ; autrement dit, il n’y a pas de déterminisme, l’homme est libre, l’homme est liberté. Si, d’autre part, Dieu n’existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. Ainsi, nous n’avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses. C’est ce que j’exprimerai en disant que l’homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait. »
Sartre, L’existentialisme est un humanisme, op. cit., p. 36-37.

« Les gens nous reprochent nos œuvres romanesques dans lesquelles nous décrivons des êtres veules, faibles, lâches et quelquefois même franchement mauvais, ce n’est pas uniquement parce que ces êtres sont veules, faibles, lâches ou mauvais : car si, comme Zola, nous déclarions qu’ils sont ainsi à cause de l’hérédité, à cause de l’action du milieu, de la société, à cause d’un déterminisme organique ou psychologique, les gens seraient rassurés, ils diraient : voilà, nous sommes comme ça, personne ne peut rien y faire ; mais l’existentialiste, lorsqu’il décrit un lâche, dit que ce lâche est responsable de sa lâcheté. Il n’est pas comme ça parce qu’il a un cœur, un poumon ou un cerveau lâche, il n’est pas comme ça à partir d’une organisation physiologique mais il est comme ça parce qu’il s’est construit comme lâche par ses actes. Il n’y a pas de tempérament lâche ; il y a des tempéraments qui sont nerveux, il y a du sang pauvres, comme disent les bonnes gens, ou des tempéraments riches ; mais l’homme qui a un sang pauvre n’est pas lâche pour autant, car ce qui fait la lâcheté, c’est l’acte de renoncer ou de céder, un tempérament ce n’est pas un acte ; le lâche est défini à partir de l’acte qu’il a fait. Ce que les gens sentent obscurément et qui leur fait horreur, c’est que le lâche que nous présentons est coupable d’être lâche. Ce que les gens veulent, c’est qu’on naisse lâche ou héros. Un des reproches qu’on fait le plus souvent aux Chemins de la liberté, se formule ainsi : mais enfin, ces gens qui sont si veules, comment en ferez-vous des héros ? Cette objection prête plutôt à rire car elle suppose que les gens naissent héros. Et au fond, c’est cela que les gens souhaitent penser : si vous naissez lâches, vous serez parfaitement tranquilles, vous n’y pouvez rien, vous serez lâches toute votre vie, quoi que vous fassiez ; si vous naissez héros, vous serez aussi parfaitement tranquilles, vous serez héros toute votre vie, vous boirez comme un héros, vous mangerez comme un héros. Ce que dit l’existentialiste, c’est que le lâche se fait lâche, que le héros se fait héros ; il y a toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche, et pour le héros de cesser d’être un héros. Ce qui compte, c’est l’engagement total, et ce n’est pas un cas particulier, une action particulière, qui vous engagent totalement. »
Sartre, L’existentialisme est un humanisme, op. cit., p. 60 à 62.
Les livres conseillés sont disponibles à la librairie ANAGRAMME:
110, Grande Rue, 92310 Sèvres, tél. : 01 45 34 04 64.
L’information est distribuée au Sel, au Colombier, à la Mairie et à la Bibliothèque de Sèvres.

Les sites de nos partenaires :
L'académie de Versailles : http://www.ac-versailles.fr/default.asp
Le CRDP de l'Académie de Versailles : http://www.crdp.ac-versailles.fr/default.asp
Lycee de Sèvres : http://www.ac-versailles.fr/etabliss/lyc-sevres/
La VILLE de Sèvres : http://www.ville-sevres.fr/
Le Sel : Sèvres Espace Loisirs : http://www.sel-sevres.org/
La Maison Pour Tous : http://www.mptva.com/

Mise à jour : le 01 septembre 2008

ll Programme 2007-2008 ll Programme 2006-2007 ll Programme 2005-2006
ll Programme 2004-2005 ll Programme 2003-2004 ll Programme 2002-2003
Club Philo 2001-2002 ll Informations et projets ll