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Europe, Éducation, École

CLASSE ETWINNING
Didier GUIMBAIL, Prof. au lycée Sonia Delaunay, Villepreux
Unité européenne et diversité des langues
Séance TICE du 29 nov. 2007.
Vidéo en téléchargement
et en streaming.
 
avec le soutien du CRDP de l'académie de Versailles et des Amis de Sèvres
Peristeri
Modène
Alytus
Brno
Sèvres
Banska Bystrica
Sections Inter de Sèvres
Diffusion de notre programme sur Internet 10h - 11h :http://melies.ac-versailles.fr/projet-europe/salon/
  Réception de notre programme sur Internet, 10h -11h : http://melies.ac-versailles.fr/projet-europe/direct/
Prochaine vidéo conférence : Jan PATOCKA, Europe et culture, diffusée sur Internet le 24 janvier 2008, 14h - 16h
Journée européenne 17 avril 2008 : Europe, culture et diversité des langues
Forum de discussion
. Coordination : c.michalewski@crdp.ac-versailles.fr

« L’objet de cette réflexion est d’interroger la relation entre la culture et la diversité des langues, en soulignant ce que ce thème a de particulièrement intéressant pour l’Europe, c’est-à-dire pour la pensée que les européens ont formé et forment toujours d’eux-mêmes. En 2000, l’Union européenne a adopté une devise : « Unie dans la diversité » Ce point appelle plusieurs remarques. Une devise est tout d’abord un signe distinctif. Elle a pour fonction d’exprimer la spécificité d’un groupe. Ce faisant, elle prescrit aussi une règle de conduite. Les membres de l’Union affirment vouloir agir de telle sorte que leurs actions concrétisent leur identité. Une devise est donc à la fois l’énoncé de ce que l’on est et une déclaration engageant à des devoirs. En second lieu, nous voyons que la diversité est une valeur forte de l’Europe puisqu’elle est inscrite à son fronton, tout en notant aussitôt qu’elle est associée à une notion apparemment contraire : l’unité. Ce point est d’autant plus remarquable que l’adjectif « unie » est au féminin singulier quand il aurait pu être au masculin pluriel. Ceci renforce la volonté de constituer une union réelle. L’Europe ne souhaite pas se contenter d’être une diversité de peuples qui se réunissent en se tolérant mais elle désire être une. Toutefois, cette unité doit se faire dans la diversité ce qui exclut toute unification imposée par la contrainte. Il apparaît donc, d’entrée de jeu, que les européens entendent éviter deux écueils. Le premier consiste à n’être qu’un assemblage fondé sur une tolérance réciproque. Cette attitude resterait par trop négative. Nous nous supporterions faute de ne pouvoir nous séparer. La seconde correspond à une réalité politique que l’Europe n’a pas ignoré mais qu’elle a toujours fini par refuser : l’empire.



Didier Guimbail, Unité européenne et diversité des langues
Conférence donnée au lycée de Sèvres le 29 nov. 2007.
Lire : le texte intégral format PDF.
Ceci posé, il faut se demander quelle place tient la diversité des langues dans cette logique difficile à concrétiser.
La diversité des langues est un fait, mais quelle est sa signification, quelle valeur lui donner ? Qu’est-ce qui réunit les langues européennes ? Cette question est d’autant plus intéressante que nous savons déjà qu’il ne s’agit pas d’une langue. « L’européen » n’existe pas, toutes les langues des Etats membres sont présentes au Parlement de Strasbourg et l’emploi de l’anglais pour faciliter les échanges ne fait pas de lui la langue officielle de l’Europe. La nation anglaise est d’ailleurs fort loin de prétendre qu’elle unifierait la communauté ! De toute façon, la volonté exprimée par la devise interdit à un pays de prétendre incarner la totalité des nations.»
Lire la suite : texte intégral, format PDF
Le 29 nov. 2007, séance TICE du projet Europe, Education, Ecole
Questions posées par les élèves de TL1 (Sèvres).
Extraits de texte proposés par Didier Guimbail pour son cours du 29 novembre 2007
Humboldt étudia les langues en savant et en philosophe. Le but de cet extrait est d’établir que la diversité des langues n’est pas une barrière à l’unité de l’esprit humain mais la condition de son accomplissement. La communication entre les langues est le moyen de faire exister une histoire commune toujours plus riche en idées, en même temps qu’une voie d’accès privilégiée à la connaissance de la nature de l’esprit présent en tout homme.

« Si, comme la soif de savoir de notre temps peut difficilement le faire échouer, la littérature et la langue de l’Inde atteignent parmi nous à une connaissance aussi poussée que celle des Grecs, leur caractère propre à l’une et à l’autre ne peut manquer, d’une part de laisser des traces dans notre manière d’en user avec notre langue, dans notre pensée et dans notre créativité poétique, et, d’autre part, de fournir un puissant instrument pour élargir le domaine des idées et sonder les voies multiples qui mettent l’homme en intimité avec lui. [..]
Prise sous cet angle, la différence des langues y gagne une perspective qui a un sens pour l’histoire mondiale. L’interaction de singularités différemment organisées confère à la pensée des formes nouvelles qu’il s’agit de transmettre aux générations ultérieures ; la force et le champ des idées croissent de concert et deviennent la propriété commune de chacun, pour peu qu’il ne se dérobe pas à l’effort de s’y frayer accès. Aussi longtemps que cette chaîne, qui associe les une aux autres pendant des siècles les pensées, et pour une grande part également les sensibilités des nations, n’est pas rompue par des bouleversements violents, l’élément ancien ne se perd jamais, tout en recevant sans cesse un nouvel accroissement et une telle progression ne connaît pas plus de limite que la pensée et la sensibilité elle-même.
»

HUMBOLDT, Sur le caractère national des langues, texte cité par M. Crépon dans Les Géographies de l’esprit , pp. 323-324, Payot

Dans cet essai, Hume s’intéresse aux causes générales du progrès des sciences et des arts. Si l’Europe n’a pas inventé les sciences et les arts, elle a su leur donner une très grande ampleur. L’examen des causes de ce succès conduit Hume à une comparaison avec la Chine. L’Asie est, depuis les Grecs, le continent dont l’Europe a dû se séparer pour exister. Selon Hume, la stagnation des Chinois est due au fait que la Chine est un empire, ce qui interdit notamment le développement de la diversité des langues. Ceci nous amènera à nous demander ce qu’il faut entendre par l’idée de culture.

« En Chine il semble y avoir une possibilité très considérable de politesse et de science, dont on peut s’attendre à ce qu’au cours de tant de siècles à venir elle puisse naturellement s’épanouir pour produire quelque chose de plus parfait et de plus achevé que ce qui est né d’elle maintenant. Mais la Chine est un vaste empire parlant une seule langue, régi par une même législation et pratiquant la même manière de vivre. L’autorité d’un maître tel que Confucius fut aisément propagée d’un bout à l’autre de cet empire. Personne n’avait le courage de résister au torrent de l’opinion populaire. Et les descendants n’avaient pas assez d’audace pour discuter ce qui avait été universellement reçu par leurs ancêtres. Cela semble être une raison naturelle, qui explique pourquoi les sciences ont fait un progrès si lent dans cet empire puissant. »
HUME , De la Naissance et du Progrès des Arts et des Sciences,
dans Essais Esthétiques, GF p.85
Si Leibniz voulut élaborer une langue universelle et abstraite aussi fiable que celle de l’algèbre, afin de résoudre les disputes entre les hommes, il fut aussi un grand défenseur de la langue allemande dont il entendit montrer la supériorité. Ce texte est celui d’un patriote, désolé de voir que les allemands n’ont pas pris conscience des ressources de leur langue maternelle, ce qui les condamne à penser de façon encore grossière. Leibniz use d’une métaphore, celle du verre de lunette, dans le but de montrer les rapports étroits entre la qualité de la pensée et celle de la langue. Autre point notable : la coupure entre les lettrés et le reste de la nation. L’absence d’une langue commune pour toutes les opérations de l’esprit empêche les Allemands de s’unifier.

« Notre nation reste comme enveloppée dans un sombre nuage, et non seulement la nation, mais encore ceux qui possèdent un esprit exceptionnellement pénétrant et qui, ne trouvant pas sur place ce qu’ils cherchent, vont le chercher dans les livres écrits par des Italiens et des Français, ce qui les conduit à éprouver comme un dégoût des écrits allemands et à n’aimer et n’estimer que l’étranger, incapables même de croire que notre langue et notre peuple soient susceptibles d’un sort meilleur. »
« En Allemagne, on a jusqu’ici trop sacrifié au latin et à l’artifice, trop peu à la langue maternelle et à la nature, ce qui a entraîné des effets nocifs, tant pour les lettrés que pour la nation. Car les lettrés, n’écrivant pratiquement que pour les lettrés, s’en sont tenus le plus souvent à des sujets sans la moindre portée ; quant à l’ensemble de la nation, il en est résulté que ceux qui n’ont aucune compétence en latin ont été pour ainsi dire exclus de la science, alors que la sûreté de l’esprit et l’acuité des pensées, la maturité du jugement, la finesse de la sensibilité à l’égard de ce que, bien ou mal, on ressent, sont encore loin chez nous d’avoir atteint parmi les gens l’extension que l’on constate chez les étrangers dont une langue maternelle bien entraînée stimule, à la manière d’un verre soigneusement poli, l’acuité de l’esprit en conférant à l’entendement une acuité lumineuse. »

LEIBNIZ, Exhortation à l’adresse des Allemands d’avoir à mieux exercer leur entendement et leur langue, accompagnée de la proposition d’une société pour l’appartenance allemande. Texte cité par M. Crépon dans Les Géographies de l’esprit ; Payot pp. 123-124
Dans ce texte, Rousseau commente le « Projet de Paix perpétuelle » de l’Abbé de Saint Pierre. Cet extrait est fondé sur deux idées principales : Premièrement, les peuples de l’Europe forment « une société réelle » à la différence des peuples asiatiques et africains et Rousseau affirme que cette unité ne peut se rompre aisément. Deuxièmement, le lien qui unit les nations européennes est source de grandes violences et la cruauté des guerres est justement due à la proximité des combattants. L’Europe offre donc un visage contradictoire et doit s’efforcer de résoudre cette contradiction en faisant en sorte que la paix l’emporte. On s’intéressera aux raisons qui permettent de dire que l’unité européenne est malgré tout une idée justifiée. Quelle place y tient la diversité des langues ?

«Toutes les puissances de l’Europe forment entre elles une sorte de système qui les unit par une même religion, par un même droit des gens, par les mœurs, par les lettres, par le commerce, et par une sorte d’équilibre qui est l’effet nécessaire de tout cela, et qui, sans que personne songe en effet à le conserver, ne serait pourtant pas si facile à rompre que le pensent beaucoup de gens. [..]
Joignez à cela la situation particulière de l’Europe, plus également peuplée, plus également fertile, mieux réunie en toutes ses parties ; le mélange continuel des intérêts que les liens du sang et les affaires du commerce, des arts, des colonies ont mis entre les souverains : la multitude des rivières et la variété de leur cours, qui rend toutes les communications faciles ; l’humeur inconstante des habitants, qui les porte à voyager sans cesse et à se transporter fréquemment les uns chez les autres l'invention de l’imprimerie et le goût général des lettres, qui a mis entre eux une communauté d’études et de connaissances ; enfin la multitude et la petitesse des Etats, qui, jointe aux besoins du luxe et à la diversité des climats, rend les uns toujours nécessaires aux autres. Toutes ces causes réunies forment de l’Europe, non seulement comme l’Asie ou l’Afrique, une idéale collection de peuples qui n’ont de commun qu’un nom, mais une société réelle qui a sa religion, ses mœurs, ses coutumes et même ses lois, dont aucun des peuples qui la composent ne peut s’écarter sans causer aussitôt des troubles.
A voir, d’un autre côté, les dissensions perpétuelles, les brigandages, les usurpations, les révoltes, les guerres, les meurtres, qui désolent journellement ce respectable séjour des sages, ce brillant asile des sciences et des arts ; à considérer nos beaux discours et nos procédés horribles, tant d’humanité dans les maximes et de cruauté dans les actions, une religion si douce et une si sanguinaire intolérance, une politique si sage dans les livres et si dure dans la pratique, des chefs si bienfaisants et des peuples si misérables, des gouvernements si modérés et des guerres si cruelles : on sait à peine comment concilier ces étranges contrariétés ; et cette fraternité prétendue des peuples de l’Europe ne semble être qu’un nom de dérision, pour exprimer avec ironie leur mutuelle animosité.
Cependant les choses ne font en cela que suivre leur cours naturel : toute société sans lois ou sans chefs, toute union formée ou maintenue par le hasard, doit nécessairement dégénérer en querelles ou dissensions à la première circonstance qui vient à changer : l’antique union des peuples de l’Europe a compliqué leurs intérêts et leurs droits de mille manières ; ils se touchent par tant de points, que le moindre mouvement des uns ne peut manquer de choquer les autres ; leurs divisions sont d’autant plus funestes, que leurs liaisons sont plus intimes ; et leurs fréquentes querelles ont presque la cruauté des guerres civiles. »


ROUSSEAU, Ecrits sur l’Abbé de St Pierre, Pléiade, Œuvres, Tome III, pp. 565-567

Séances TICE 2007-2008, diffusion : http://melies.ac-versailles.fr/projet-europe/salon/

25/10/2007 : Ph. Touchet, De la perfection des langues,
Texte intégral du cours (format PDF), (format RTF),
Video en streaming et en téléchargement,

15/11/2007 : Ph. Fontaine, Multilinguisme et respect de l'autre
Texte intégral du cours, format PDF,
Vidéo
en streaming et en téléchargement

29/11/2007
: D. Guimbail, Lycée Sonia Delaunay, Villepreux
Vidéo en streaming et en téléchargement.

13/12/2007 : F. Laupies, CPGE, Versailles,
Diversité des langues et universalité
Vidéo en streaming et en téléchargement

17/01/2008 : H. Devissaguet, Lycée Rueil-Malmaison,
Texte intégral du cours (format PDF)
Vidéo en streaming et en téléchargement

14/02/2008 : O. Hansen-Love, CPGE, Sèvres.
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